Inquiet, l’homme des ventes et des comptes,
Devant sa glace, se rendit compte
Que son sourire d’homme d’affaire,
Un peu plaqué, parfois forcé
S’étant usé à satisfaire,
A déguiser, à contrefaire
Qui s’épuisait à vouloir plaire
Etait en passe de se casser.
Ce n’était pas un grand sourire
Mais il n’était non plus le pire
Bon an mal an il composait une apparence
De bienveillance, de transparence et de confiance.
Et quand bien même il cesserait de le servir,
C’était le sien, il ne pouvait s’en départir.
En réflexion et conjectures, il s’abîmait.
Ne sachant plus très bien à quel saint se vouer.
Son sourire aux abois qui n’avait plus le choix,
Pour la première fois fit entendre sa voix :
« J’ai mal ici et j’ai mal là !
Vois qui s’agrippe toujours à moi,
Se cachant encore tout tremblants,
Ce sont les effrois d’un enfant.
Et là près de mes commissures,
Cette contraction, c’est une blessure.
C’est un besoin d’amour profond,
De signes de considération.
Si tu poursuis l’exploration,
Tu trouveras une crispation,
Le refoulement de tes colères
Auxquelles je dois mon air sévère.
Puis enfin, ton côté austère
Qui te viens tout droit de ton père !
Il m’a donné ces lèvres pincées
Que j’n’ai jamais pu supporter ».
Remontant jusqu’à la source
Du problème préoccupant,
Le bonhomme tambour battant,
Décida de faire ses courses.
Au marché du discernement
Il demanda expressément
Un bon onguent d’apaisement
Dont les effets durent longtemps,
Un diffuseur de douces chaleurs
Pour se garder de bonne humeur,
Sans oublier le pense-bête,
Celui qui glisse dans ta tête
Les lois de Réciprocité,
Le B, A, BA en société.